Quelques pensées classiques de la douleur chronique

Souvent nos patients et patientes souffrant·e de douleurs chroniques rapportent des pensées en lien avec leurs douleurs. Il est central en thérapie de ne pas les négliger. 

En effet, ces pensées, si elles sont trop rigides et systématiques, se retrouvent au coeur de la peur de l'aggravation de la douleur qui entraîne les évitements ce qui maintient le cercle vicieux de la douleur (Vlaeyen et Crombez (2009). 

A contrario, ces pensées si elles s'adaptent à certaines situations peuvent tout à fait être adaptée et favoriser l'épanouissement des personnes.

Nous vous proposons aujourd'hui une réflexion sur ces pensées liées à la douleur.

20 pensées liées à la douleur.

1. J’essaie de prendre le moins de médicaments possible pour combattre ma douleur.

Cette pensée est inadaptée si elle pousse à ne plus suivre son traitement et à serrer les dents.

Cette pensée est adaptée si elle favorise la juste observance thérapeutique et pousse à mettre en place des actions concrètes pour s'épanouir (par exemple du pacing).

2. J’ai tendance à croire que ma famille et mes proches sous-estiment ma douleur.

Cette pensée est inadaptée si elle pousse à se couper de ses proches.

Cette pensée est adaptée si elle pousse à l'échange avec ses proches et à la création d'un environnement sécurisant.

3. Je parle souvent de ma douleur aux autres afin qu’ils puissent me comprendre et m’aider.

Cette pensée est inadaptée si elle pousse à ne parler que de sa douleur et à en faire son principal sujet de discussion.

Cette pensée est adaptée si elle pousse à aller vers les autres en se sachant capable d'exprimer comment la douleur peut influer les activités et les relations.

4. Pour vaincre ma douleur, je fais surtout confiance en la médecine, et aux médicaments.

Cette pensée est inadaptée si elle pousse à ne pas mettre en place de comportement épanouissant.

Cette pensée est adaptée si elle pousse à être régulier dans ses rendez-vous médicaux et dans l'observance des médicaments.

5. Dès que j’entends parler de quelqu’un, médecin ou psychologue spécialisé dans la douleur, je tente d’aller le voir.

Cette pensée est inadaptée si elle renforce une tentative désespérée de trouver une solution miracle.

Cette pensée est adaptée si elle pousse à se renseigner au mieux sur ses difficultés pour pouvoir s'y adapter.

6. Souvent je m’imagine combattre ma douleur comme un ennemi extérieur.

Cette pensée est inadaptée si elle pousse à ne pas adapter son mode de vie à ses douleurs et si elle pousse à détériorer l'image de soi.

Cette pensée est adaptée si elle favorise la décentration cognitive et l'apprentissage d'un mode de vie épanouissant en présence de douleurs.

7. Je pense souvent qu’avec les progrès de la médecine un jour viendra où je n’aurai plus mal et cela me rassure.

Cette pensée est inadaptée si elle pousse à attendre sans rien faire et si elle est une tentative d'évitement de l'anxiété. 

Cette pensée est adaptée si elle pousse à agir en tenant compte des progrès de la médecine (consultations douleurs, pacing, etc.).

8. Il m’arrive de penser que ma douleur cache quelque chose de bien plus grave.

Cette pensée est inadaptée si elle pousse à vérifier en permanence son état et à prendre plus de rendez-vous médicaux que nécessaire. 

Cette pensée est adaptée si elle pousse à être régulier dans son suivi médical.

9. Souvent je parle à ma douleur, et je lui dis qu’elle n’aura pas facilement le dessus sur moi.

Cette pensée est inadaptée si elle pousse à se dépasser en dépit des conséquences. 

Cette pensée est adaptée si elle pousse à tester ses limites pour mieux se connaitre et mieux connaitre sa douleur tout en respectant ses capacités.

10. Je refuse d’être considéré(e) comme quelqu’un de différent parce que j’ai mal.

Cette pensée est inadaptée si elle pousse à refuser des aménagements comme par exemple un poste de travail adapté. 

Cette pensée est adaptée si elle pousse à se connecter avec les autres et à avoir une vie sociale épanouissante.

11. Quand j’ai vraiment mal j’arrête tout et j’attends que ça passe.

Cette pensée est inadaptée si elle pousse à arrêter toutes les activités en prévision de la douleur.

Cette pensée est adaptée si elle pousse à adapter les activités.

12. Quand je vais un peu mieux, j’en profite pour faire tout ce que je n’arrive pas à faire quand j’ai mal.

Cette pensée est inadaptée si elle pousse à garder les corvées pour les moments sans douleur. 

Cette pensée est adaptée si elle pousse à faire les corvées même en présence de douleurs pour garder des moments agréables sans douleurs.

13. J’ai tendance à attendre avant de prendre mes médicaments contre la douleur car je ne veux pas me « droguer » pour rien.

Cette pensée est inadaptée si elle pousse à ne pas prendre ses antalgiques avant que la douleur ne devienne trop forte. 

Cette pensée est adaptée si elle pousse à ne pas dépasser les doses prescrites.

14. Quand quelqu’un parle d’une activité que je ne peux pas faire, je lui explique la chance qu’il a par rapport à des gens comme moi.

Cette pensée est inadaptée si elle pousse au ressentiment et à l'exclusion sociale. 

Cette pensée est adaptée si elle pousse à l'échange et à la réflexion sur l'adaptation de l'activité. 

15. Quand un traitement n’est pas efficace très vite, je m’arrange pour en changer.

Cette pensée est inadaptée si elle pousse à ne pas respecter les protocoles thérapeutiques.

Cette pensée est adaptée si elle pousse à être honnête et transparent avec l'équipe soignante. 

16. Souvent, je ne vois que des côtés négatifs à ma douleur.

Cette pensée est inadaptée si elle pousse à ruminer et entretien la vision délétère que la personne pourrait avoir d'elle même. 

Cette pensée est adaptée si les côtés négatifs sont pris en compte .

17. Je pense sans cesse à ma douleur, et je me teste à longueur de journée pour savoir si elle est là.

Cette pensée est inadaptée si elle pousse à centrer sa vie autour de sa douleur. 

Cette pensée est adaptée si elle pousse à réaliser des tests encadrés et précis pour connaitre ses limites.

18. J’ai tendance à croire que mes soignants sous-estiment ma douleur.

Cette pensée est inadaptée si elle pousse à éviter des rendez-vous médicaux et à ne pas suivre les protocoles mis en place. 

Cette pensée est adaptée si elle pousse à exprimer ses craintes aux équipes pour améliorer la qualité de la relation thérapeutique. 

19. Je sais que quelqu’un qui ne souffre pas comme moi ne peut pas comprendre ce que j’ai.

Cette pensée est inadaptée si elle pousse à perdre confiance en ses proches et dans le personnel médical. 

Cette pensée est adaptée si elle pousse à expliquer aux personnes ses difficultés et à réfléchir aux adaptations possibles.

20. Je suis vraiment prêt·e à tout pour vaincre ma douleur.

Cette pensée est inadaptée si elle pousse à mettre en place des comportements délétères (prendre plus que les doses prescrites, arrêter toutes activités, etc.). 

Cette pensée est adaptée si elle pousse à garder un mode de vie épanouissant et que l'adaptation des activités est considérée comme une victoire sur la douleur.

Pour finir

Le travail des pensées n'est pas suffisant pour assurer une prise en soin efficace.

Vous pouvez explorer avec vos patients et patientes des actions adaptées face aux pensées liées à la douleur avec notre jeu gratuit "pensée-action : Douleurs chroniques". 

Enfin, retrouvez gratuitement et en français notre guide sur le pacing : une stratégie thérapeutique efficace dans la gestion de la douleur et de la fatigue chronique. 

Commentaires (0)

Aucun commentaire pour le moment

Nouveau commentaire