Comment favoriser la compréhension des émotions ?

Les émotions ont une place centrale dans la vie et les problématiques de nos patients et patientes. Que ce soit une tristesse paralysante, une anxiété exacerbée, une honte permanente ou toute autre émotion, il est crucial d'accompagner les personnes dans l'exploration et la compréhension de leurs émotions.

Qu'est-ce qu'une émotion ? 

« Chacun sait ce qu’est une émotion, jusqu’à ce qu’on lui demande d’en donner une définition. A ce moment-là, il semble que plus personne ne sache » (Fehr & Russell, 1984).

La question de ce qu'est une émotion occupe les réflexions des philosophes et psychologues depuis l'antiquité. Au delà des différentes considérations théoriques, il est nécessaire, dans une optique thérapeutique, d'avoir un modèle des émotions qui permette une bonne compréhension de celles-ci afin d'envisager des projections thérapeutiques. 

Un modèle particulièrement simple et pratique est le modèle tridimensionnel des émotions.

D’après ce modèle, une émotion a trois composantes qui intéragissent entres elles :

  1. Une composante cognitive : « Ce que je pense », il peut s’agir de pensées, d’images mentales, de souvenirs, et de tout autre chose qui nous traverse l’esprit.

  2. Une composante physiologique : « Ce que je ressens dans mon corps », il s’agit de ce qu’il se passe en moi. Par exemple, on peut ressentir des tremblements des jambes, le coeur qui s’accélère, une sensation d’étouffement, etc.

  3. Une composante comportementale : « Ce que je fais / je veux faire », il s’agit de nos actions qui peuvent par exemple nous permettre d’éviter une chose qui nous fait peur, d’éloigner une chose qui nous énerve, de nous rapprocher d’une chose qui nous attire, etc.

Il est également important de prendre en compte les déclencheurs de l’émotion. En effet, une émotion ne vient jamais « de nul part ». Il peut être très difficile d’identifier ces déclencheurs car ils peuvent s’être déroulés il y a quelques secondes comme il y a plusieurs années. Les déclencheurs peuvent être des éléments extérieurs à nous (une araignée) ou intérieurs à nous (un accélération du coeur). Dès fois ils sont plus subtils : par exemple une pensée (« j’ai complétement échoué cette tâche ») ou un souvenir (« avant qu’on ne se sépare j’étais heureux »).

La dernière étape de la compréhension de nos émotions est de constater leurs conséquences. En effet, nos comportements vont avoir des conséquences sur notre environnement intérieur et extérieur. Ces conséquences ont une influence majeure sur la façon dont nous allons agir la prochaine fois que nous serons en présence des mêmes déclencheurs. 

 Comment évaluer la compréhension des émotions ? 

L'évaluation de la compréhension des émotions est particulièrement pertinente auprès des personnes souffrantes de troubles émotionnels.

La première évaluation clinique peut se faire à l'aide de questions exploratoires classiques :

« A quel point êtes vous à l'aise avec vos émotions ? »,
« Pouvez-vous me décrire ce qu'il s'est passé pour vous dans telle ou telle situation ? »,
« Connaissez-vous vos émotions ? ».

 Pour établir une ligne de base et évaluer l'alexythimie, il existe l'Échelle de Toronto d'Alexythimie (20 items) qui présente de bonnes qualités psychométriques.

Comment favoriser la compréhension des émotions ?

Une fois la psychoéducation du modèle tridimensionnel réalisée, il est pertinent de l'appliquer à des situations vécues par la personne. 

Pour vous accompagner dans cette étape, notre jeu gratuit de cartes d'aide à la compréhension des émotions est l'allié idéal. 

Prenez le temps, cette première exploration à l'aide du modèle tridimensionnel permet aux personnes de commencer à appréhender leurs émotions autrement !

 Décrivez en détail la situation : quel est l'état mental et l'état physique de la personne juste avant ? Qui sont les personnes impliquées ? Quelle heure est-il à ce moment-là ? 

  1. Relevez les ressentis physiologiques : que ce soit la sensation de lourdeur, l'impression d'étouffer ou même des douleurs, tous les ressentis sont importants.

  2. Notez les pensées : si un micro avait enregistré les pensées de la personne, qu'est-ce qu'on entendrait ? Identifiez toutes les pensées présentes qu'elles soit adaptées ou non.

  3. Décrivez les comportements : En insistant sur le fait que les comportements sont cohérents avec les pensées et les ressentis physiologiques, décrivez ce que la personne fait : est-ce qu'il y a un échappement subtil ? un évitement ? une distraction cognitive ? des pensées répétitives négatives ? etc. 

  4. Évaluez les conséquences de ces comportements : Avec la personne envisagez les conséquences de ces comportements ? Est-ce que ces comportements rassurent ou empêchent l'émotion de trop monter ? Est-ce que ces comportements ont un impact sur la confiance qu'ont les personnes à gérer cette situation la prochaine fois qu'elle se présentera ? Comment évolue l'estime de soi ? etc.

Il est possible que certaines personnes très déconnectées de leurs émotions n'aient pas d'idées de situations émotionnelles. Appuyez-vous alors sur vos échanges précédents pour suggérer une situation qui peut sembler banale mais qui est en réalité pleine d'émotions (passer sa journée au lit, refuser une invitation, etc.).  

Projections thérapeutiques :

 A chaque étapes du modèle tridimensionnel, nous pouvons envisager des projections thérapeutiques. 

Quelques exemples :

Situation : Est-il adapté et possible d'agir sur l'environnement et la situation ? 

Ressentis physiologiques : Est-il nécessaire de proposer des expositions aux ressentis physiologiques pour s'y habituer ? 

Pensées : Les pensées sont-elles adaptées ? Un phase de restructuration cognitive est-elle à prévoir ?

Comportements et conséquences : Les comportements et leurs conséquences maintiennent-ils les difficultés ? Peut-on envisager des expositions en renforçant les comportements adaptés ? 

Pour aller plus loin

Que ce soit pour ne pas trop brusquer la vie émotionnelle de nos patients et patientes ou pour explorer une plus large palette de situations et d'émotions, il est possible de s'appuyer sur du matériel développé précisément dans ce but.

Émocartes est un jeu thérapeutique tout à fait adapté à l'exploration des émotions. En proposant d'échanger autours d'émotions agréables et désagréables, ce jeu, accompagné des cartes d'aide à la compréhension des émotions permet d'améliorer la compréhension qu'ont les patients et patientes de leurs émotions et de celles d'autrui. 

Conclusion

L'amélioration de la compréhension des émotions est une étape indispensable bien que chronophage de la thérapie. Une bonne compréhension des émotions peut avoir un impact significatif sur le bien-être émotionnel des personnes et sur le succès de la thérapie.

 

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